Mirror's Edge

 Mirror's Edge

Un OVNI


Style : Action-Aventure, Plateforme, FPS
Date de sortie : 14 Novembre 2008 (consoles), 15 Janvier 2009 (PC)
Studio : DICE (Suède)
Plateformes : PS3, XBox 360, PC

Un parkour risqué

Mirror's Edge fait partie de ces jeux que l'on attendait pas. En effet, l'envie est arrivée d'un coup lors du trailer d'annonce en mai 2008 (soit 6 mois avant la sortie du jeu), avec une promesse : un jeu où le parkour est central, le tout en vue à la première personne. C'est une première ! Et cela a eu l'effet d'une bombe, l'attente est montée d'un coup, les joueurs étant intrigués par cet OVNI que nous voyons alors débarquer sur nos consoles. Le titre est développé par le studio suédois DICE, qui a bâti sa renommée avec la franchise des Battlefield. Début 2007, le directeur créatif du studio déclare travailler sur un autre projet, frais et qui va secouer les codes des FPS (first person shooter, jeu de tir à la première personne). Le jeu est officiellement annoncé en juillet 2007 par l'éditeur du jeu, le géant Electronic Arts. Il sortira donc un peu plus d’une année plus tard, en novembre 2008 sur consoles de salon (PS3 et XBox 360). Une version PC sortira début 2009 avec des ajouts sur les options graphiques, grâce à la nouvelle technologie PhysX de Nvidia.

Mirror’s Edge se déroule dans un futur proche, au sein d’une grande cité dystopique, dont le nom n’est jamais mentionné. Les habitants ont sacrifié une part de leur liberté pour un système sécuritaire répressif, instauré par un gouvernement quasi-totalitaire. La surveillance est omniprésente, et les communications sont étroitement contrôlées. Des résistants utilisent des Messagers pour transmettre des informations cruciales pour la mise en place de la contestation et lutter contre le gouvernement, échappant ainsi à la surveillance. Le joueur incarne Faith, une Messagère agile qui se déplace sur les toits pour éviter les dangers de la rue. Le titre se déroule donc dans un climat de tension extrême, où la police traque sans relâche les messagers, sur fond d’élection à la mairie de la ville entre le maire sortant Callaghan et un challenger Robert Pope, qui souhaite restaurer une partie des libertés des citoyens.

Le jeu débute avec Faith qui reprend du service suite à un grave accident, et qui est appelée par Robert Pope pour assurer un service de Messager. En arrivant, elle retrouve sa sœur Kate, qui est policière, à côté du cadavre de Pope. Les deux frangines comprennent rapidement que cette mise en scène vise à faire accuser Kate pour maquiller un complot, pour garder un contrôle total sur la population. Le jeu se déroule donc sur le fil du miroir (Mirror’s edge), où Faith devra courir pour sauver sa vie et innocenter sa sœur, alors qu'elles ont des parcours opposés.

Le premier niveau permettra de se familiariser avec les mouvements de notre héroïne. Il faudra un petit temps pour s’adapter au gameplay, car il n’est pas commun (en-tout-cas à l’époque) de réaliser ce genre de parcours en vue à la première personne. Faith doit parcourir les toits afin de délivrer un message sensible et se retrouve traquée par la police. Cela donne une bonne introduction, d’abord sur l’environnement épuré de la ville et ses toits où le blanc domine avec des touches de couleurs vives. Les actions deviennent très rapidement intuitives et se déplacer en mode parkour s’avère directement jouissif et divertissant. Le joueur ressent un sentiment de liberté bien que les niveaux soient des couloirs. Les toits offrent de nombreuses possibilités de parcours et les environnements en intérieur sont très bien pensés. Nous détaillerons tous ces points de gameplay plus tard dans ce test.

Côté narration, rien de bien innovant. Les missions s’enchaînent, c’est fluide, mais le scénario manque de folie. On comprend rapidement les tenants et aboutissants de l’intrigue, qui n’offre que peu de surprise. L’histoire est déroulée par Faith et son partenaire Merc, qui la suit à distance depuis leur QG, via des communications. Notre héroïne est au cœur de l’action pendant que son ami l’aide à franchir les obstacles qui se dressent devant elle et à anticiper la présence des patrouilles de police. Les missions sont entrecoupées de rapides cinématiques, assez dynamiques, avec un style dessin animé à la direction artistique soignée. Ces petites scènes racontent les avancées du scénario et font le lien entre les niveaux. Vous l’aurez donc compris, rien de fou côté histoire, mais le tout reste tout à fait plaisant à parcourir.

Un gameplay audacieux

Mirror’s Edge est un OVNI, un hybride, qui mêle plusieurs styles de jeu. En premier lieu, il est en vue à la première personne, ce qui permet de ressentir la vitesse de Faith et la hauteur des toits sur lesquels elle évolue. Cependant, je ne suis pas sûr de pouvoir parler de FPS (first person shooter) car le tir et les armes à feu ne sont pas centraux dans le gameplay. La vraie nouveauté réside dans le parkour, cette discipline physique qui consiste à se déplacer de manière fluide et efficace dans son environnement. C’est une première dans un jeu vidéo, en tout cas réalisé de cette manière. En effet, dans de nombreux jeux d’action/aventure, les personnages pouvaient se déplacer grâce à une grande variété de mouvements, dans Mirror’s Edge c’est exacerbé par la vue à la première personne. Le joueur ressent la vitesse, la gravité, les impacts plus intensément et le fait de ne pas voir dans son dos ajoute une tension naturelle lorsque l’on est poursuivi par la police sur les toits. Le parkour, qui est donc le cœur du gameplay, a particulièrement été soigné et est très réussi. Les éléments de “décor” avec lesquels Faith peut interagir (rampes, gouttières, échelles, etc…) peuvent être mis en couleur, le rouge, afin d’être plus visibles dans le feu de l’action. Cela donne un aspect plus dirigiste dans le parkour, mais cette option peut être désactivée à tout moment et laisser au joueur le soin d’étudier l’environnement et de choisir sa propre voie. Une fois lancée, Faith conserve son élan et accélère au fur et à mesure pour atteindre une vitesse de croisière que l’on souhaitera conserver le plus longtemps possible pour enchaîner les obstacles à une vitesse folle et réussir des sauts de grande distance !


Le titre est un enchaînement de niveaux de type couloir, plus ou moins étroits. En effet, il reviendra la plupart du temps d’aller tout droit, et monter/descendre, avec une variété de chemins possibles. Le level design est cependant très soigné. Chaque élément de décor avec lequel nous pouvons interagir est minutieusement positionné et les environnements offrent diverses perspectives d’attaque. C’est la force du titre, aux côtés de son gamelplay de parkour, parce qu’il n’est pas du tout répétitif (ce qui n’est pas gagné pour ce type de jeu). Chaque niveau nous emmène dans un nouveau lieu, avec une palette de couleur différente, les toits, les égouts, dans des bureaux, un chantier, etc… Mirror’s Edge livre une osmose qui est servie par la direction artistique, la bande originale et le sound design. Le mélange est maîtrisé et la recette fonctionne à merveille, le titre est un bonheur à parcourir, très fluide et parfois jouissif.

Seule ombre au tableau pour nous : les combats/gunfights. Faith dispose d’une panoplie restreinte de mouvements de combat au corps-à-corps. Elle peut frapper, parer et désarmer ses adversaires avec un QTE (Quick Time Event : touche à presser dans un temps limité). Le tout est très rigide, les QTE assez approximatives, rendant les affrontement peu plaisants. La plupart du temps, on préfèrera continuer à courir pour ne pas perdre de vitesse et son momentum. Il est tout à fait possible de terminer le jeu sans frapper le moindre ennemi, mais dans les niveaux de difficu!lté les plus élevés, les laisser en vie pourra être fatal, car la moindre balle pourra vous tuer. Une fois qu’un ennemi est neutralisé ou désarmé, il est possible d’utiliser les armes, en mode FPS cette fois. Le ressenti des armes est bon, une fois que le chargeur est vidé Faith laissera le fusil au sol pour repartir. Il est en réalité assez facile de venir à bout des adversaires en leur volant leur arme et en la retournant contre eux. La diversité des armes est limitée, comptez un pistolet, un fusil d'assaut, un fusil à pompe, un sniper et une mitrailleuse lourde. Ce n’est pas un point faible en soit, la variété d’armes disponible étant largement suffisante pour le jeu proposé.


Enfin, le titre présente une durée de vie qui semble relativement faible dans le paysage vidéoludique actuel. En effet, comptez environ 6 heures pour en venir à bout. La durée de vie peut être prolongée via un système de défis et de contre-la- montre. Par rapport aux grosses sorties actuelles, c’est peu, puisque les jeux de 40h sont légion. Mais nous trouvons que c’est en réalité un point positif, mieux vaut une aventure rapide mais qualitative. En tant que joueur qui n’a pas beaucoup de temps pour profiter de sa passion, nous raffolons de ce genre d’expérience ! En bref, Mirror’s Edge est un jeu cher à notre coeur, un mix entre innovation, vitesse et acrobaties parfaitement dosé et maîtrisé, un vrai plaisir, encore aujourd’hui, que nous vous invitons à (re)découvrir.

Parlons maintenant d'un peu de technique !

Le point technique

Le jeu est donc sorti en novembre 2008 sur PS3 et XBox 360 et début 2009 sur PC. La configuration requise à l’époque est la suivante :


Dans le contexte de sa sortie, le jeu était assez gourmand en performances graphiques si l’on souhaitait profiter à 100% de l’expérience. En effet, l’utilisation du moteur PhysX pour la gestion physique des éléments de décor (matériaux souples, bris de verre, impact des tirs, reflets et effets de lumière, etc..) demandait une carte graphique performante pour 2008. En désactivant le moteur PhysX, le jeu tournait parfaitement sans nécessiter une machine de guerre. Techniquement, le jeu est beau, dans un style épuré qui fait toujours son effet aujourd’hui.


Au niveau de la bande originale, l’aventure est rythmée par des musiques électroniques lors des phases d’action et une bande son plus discrète lors des phases de parkour. Le tout ne prend pas trop de place et permet au joueur de profiter de son exploration. Le tout a un côté paisible, le calme avant la tempête ! Le thème principal du jeu, Still Alive interprété par l’artiste suédoise Lisa Miskovsky, a été proposé dans un album de reprises avec des grands noms de la musique électronique comme Benny Benassi.


Avis et note

Mirror's Edge est un jeu à part. Tout d'abord car il est le seul à proposer une telle expérience. La promesse a fait saliver les joueurs du monde entier, le résultat laisse un léger goût d'inachevé. En premier lieu parce qu'il est court, 6h en allant vite. L'on aurait aimé que l'expérience se prolonge plus longtemps, pour plus de plaisir survitaminé. Attention, ce n'est pas un gros point négatif, car l'aventure est très dense et ne laisse aucun temps mort. Les niveaux sont parcourus avec fluidité et l'on ne voit pas le temps passer. Aujourd'hui, il est très rare d'avoir un jeu AAA aussi court.
Ensuite, le gameplay rigide des gunfight coupe la progression et le parkour par des phases moins bien réussies. La majorité des phases de tir peuvent être évitées, mais pour le reste, le fait de ne pas pouvoir courir l'arme en main rend le tout très lent. Ces défauts sont, fort heureusement, largement éclipsés par le reste du titre. Le parkour est haletant, nerveux et très intuitif. C'est le coeur du jeu et il est excellemment maîtrisé. 

A titre personnel, la sensation ressentie, dès le premier niveau, est encore dans ma mémoire. Le sentiment de jouer à une expérience inédite est présent et l'on est instantanément happé dans cet univers dystopique aux touches de couleur prononcées et cette ville immaculée. Les niveaux, bien qu'étant construits en couloirs, laissent une grande liberté d'action. A chaque fois que le jeu est relancé, nous pouvons emprunter un chemin différent, trouver des raccourcis ou avoir une autre approche des niveaux. L'histoire est assez simple, mais le scénario se déroule sans accroc et la narration fait son effet. La connexion en Faith et Merc via l'oreillette permet de nous guider (sans être trop dirigiste) et de faire avancer l'histoire. Les cinématiques animées rajoutent une identité au jeu et qui se démarque des autres grosses productions de l'époque. Le jeu est aujourd'hui trouvable à très bas prix, une raison de plus de lui donner sa chance !

Malheureusement pour DICE et les fans de Mirror's Edge, le jeu ne sera pas un succès commercial, avec seulement 2 millions de copies vendues, malgré un succès critique. Les joueurs se sont néanmoins montrés au rendez-vous, puisque le titre a été globalement plébiscité. En tout cas suffisamment pour pousser EA Games à développer une suite, après une forte période de doute. Le second opus, Mirror's Edge Catalyst, sortira en 2016, soit 8 ans après le premier épisode, et proposera un monde ouvert permettant d'explorer librement la ville. Malheureusement, la recette ne prendra pas à cause d'un scénario mal travaillé et des quêtes sans inspiration. Les déplacements dans la ville sont toujours efficaces, mais manquent d'un but précis. Cela scellera le sort de cette licence, en tout cas jusqu'au moment où je rédige ce test.

Passons maintenant à la note finale et au traditionnel indice de rage !

Rage - o - meter

Nous n'allons pas trop nous attarder sur ce point lors de ce test. En effet, et pour aller à l'essentiel, vous n'allez pas avoir l'occasion de rager sur Mirror's Edge. Certains sauts difficiles pourront vous donner un peu de fil à retordre, mais globalement l'exploration et le parkour sont très fluide et sans difficulté particulière. Ensuite, certains gunfight, surtout vers la fin du jeu, peuvent générer un peu de frustration de par leur lourdeur.
Ensuite, il n'y a pas de niveau de difficulté à proprement parler. Donc vous parcourrez le jeu sans soucis.
En somme, pas grand-chose à se mettre sous la dent pour les amateurs de lancer de souris (ou de manette).

La note 


Test réalisé et rédigé par votre serviteur RageDad.





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